La lente décadence des classes moyennes dans les sociétés industrialisées

La lente décadence des classes moyennes dans les sociétés industrialisées

D’après un rapport de l’OCDE, diffusé mercredi, les changements de l’emploi, l’automatisation ou l’augmentation du coût du logement développent ce préjudice.

Election de Trump aux Etats-Unis, scrutin pour du Brexit au Royaume-Uni, les « gilets jaunes »… Si ces faits ont des origines politiques propres à chaque pays, ils ont un point commun : tous sont l’expression, avec plus ou moins de force, d’un ras-le-bol des classes moyennes. D’un épuisement intensifiée d’une angoisse : celle, chez de nombreux Français, Britanniques ou Américains, de perdre leur emploi. De ne plus profiter des mêmes pertinences d’ascension sociale que leurs parents. De voir leurs enfants vivre moins bien qu’eux.

Dans un rapport récent fait le mercredi 10 avril, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) s’incline sur la « pression » à laquelle les citoyens se plaçant au milieu de l’échelle sociale sont soumis depuis les années 1980. Le constat dressé, certifiant les précédents travaux sur le creusement des différences, est angoissant : depuis 1980, la part de la classe moyenne, définie comme les économises gagnant entre 75 % et 200 % du revenu national médian, est descendu de 64 % à 61 % de la population dans les trente-six pays membres de l’OCDE. « La situation varie abondamment d’un Etat à l’autre, mais, dans la plupart d’entre eux, ces ménages ont vu leur niveau de vie stagner ou décliner », déclare Stefano Scarpetta, spécialiste de l’emploi pour l’organisation. Pis, leurs revenus ont amélioré beaucoup moins vite que ceux des 10 % les plus riches.

Pour saisir la mesure de ce déclin, l’OCDE s’est inclinée sur la situation des générations qui se sont succédé depuis l’après-guerre dans ses trente-six Etats membres. Les baby-boomeurs, nés entre 1942 et 1964, sont les plus chanceux, surtout car ils ont été moins affichés aux mutations de l’emploi que leurs enfants. Ainsi, 68 % d’entre eux appartenaient déjà à la classe moyenne lorsqu’ils avaient une vingtaine d’années. Cette part chute à 64 % pour la génération X née entre 1965 et 1982, et à 60 % pour les millennials, nés entre 1983 et 2002. La France, elle, se montre mieux lotie : le pourcentage est tombé de 68 % à 64 %, avant d’aider à 67 % pour les plus jeunes. Il n’empêche : « Pour la classe moyenne, les possibilités de grimper l’échelle sociale sont de plus en plus ténues, tandis que le risque de tomber dans la catégorie des bas revenus est de plus en plus prégnant », déclare M. Scarpetta.

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LJD

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