Le Japon va révolutionner son système de recrutement

Le Japon va révolutionner son système de recrutement

Des candidates en recherche d’emploi lors d’une session d’orientation organisée par une entreprise pour les jeunes diplômés, à Tokyo, en mars 2016.

Le monde du travail japonais va vivre une révolution. Mardi 9 octobre le Keidanren, la principale confédération patronale japonaise, a annoncé la fin d’ici 2020 du shukatsu, le système de recrutement des jeunes diplômés. « Les pratiques traditionnelles comme l’emploi à vie et l’embauche massive de diplômés » sont « dépassées », expliquait en septembre, le président du Keidanren et par ailleurs dirigeant d’Hitachi, Hiroaki Nakanishi. Une réflexion est engagée avec les universités et le gouvernement.

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Inspiré d’un système en vigueur au XIXe siècle, le shukatsu a été mis en place en 1953. Il se traduit par de très formelles sessions d’information suivies d’entretiens, avec pour but de ne pas trop perturber les études. Le cursus universitaire classique durant quatre ans, ces échanges commencent dès la troisième année. La quatrième année permet de finaliser la sélection des recrues qui reçoivent alors le naitei, la promesse d’embauche.

Au mois d’avril suivant, des milliers de diplômés revêtent un costume sombre pour une très officielle cérémonie d’entrée dans la compagnie, marquée par des discours soulignant les valeurs du groupe. La société assure la formation, garantit une carrière à vie ponctuée de promotions à intervalle régulier.

Manque de souplesse

Aujourd’hui, ce système souffre notamment d’un manque de souplesse. L’étudiant qui rate le wagon du recrutement risque de ne jamais trouver de poste. Quant aux entreprises, elles se voient concurrencées par les groupes étrangers implantés au Japon voire par les PME qui ne se plient pas à ces règles. La situation est tendue en raison de la sévère pénurie de main-d’œuvre. Face à une pléthore d’offres, les étudiants peuvent choisir et changer d’avis ce qui complique le travail de gestion du personnel.

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Dans le même temps, les groupes nippons cherchent aujourd’hui des profils plus internationaux. Selon le site de recherche d’emplois Recruit Career, la part des entreprises souhaitant embaucher des jeunes ayant un diplôme étranger atteint 39,8 % en 2018, contre 24 % en 2017. Pour recruter, les groupes ne cherchent pas nécessairement des jeunes diplômés.

Le site d’offres de postes du géant de la vente en ligne Rakuten juge ainsi « inutile de distinguer les nouveaux diplômés des employés en cours de carrière ». Une tendance facilitée par la moindre fidélité des salariés à leurs employeurs.

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LJD

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