La Gigafactory Tesla près de Berlin, ou comment Elon Musk bouscule le secteur automobile en Allemagne

La Gigafactory Tesla près de Berlin, ou comment Elon Musk bouscule le secteur automobile en Allemagne

Elon Musk, le patron de Tesla, sur le chantier de l’usine de Grünheide, près de Berlin, le 3 septembre.

La berliner Schnauze, la « grande gueule berlinoise », est une sorte de dialecte de la région de Berlin-Brandebourg, reconnaissable à son ich (« je »), durci en ick, et à son humour jovial, affranchi de toute forme de politesse. On y décèle aussi, souvent, une certaine mauvaise humeur, les blessures de la réunification et l’idée sous-jacente que les choses ne sont jamais aussi belles que « ceux d’en-haut » veulent bien nous le faire croire. C’est avec sa Schnauze des grands jours que Thomas Gergs, chauffeur de taxi à Erkner (Brandebourg) depuis 1975, nous fait faire le tour du grand projet dont il est riverain, à son corps défendant : la Gigafactory de Tesla, la future usine automobile et de batteries d’Elon Musk, à Grünheide, au sud-est de Berlin, dans le Brandebourg.

« Il a vraiment fallu qu’il vienne s’installer chez nous, celui-là !, s’emporte notre chauffeur, sans masque. Tu ne trouves pas qu’il aurait pu se mettre 100 km plus à l’est ? Là-bas, dans la Lusace, ils vont fermer les mines de lignite ! C’est déjà pollué, il n’y avait qu’à se mettre dessus, non ?, s’agace-t-il. Moi, l’industrie je suis pour, en général, mais il faut que ça reste de taille raisonnable. Et puis l’eau ? Déjà qu’on en manque ici en été ! Ce type va nous assécher avec son usine ! »

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Rien, dans le mégaprojet du patron du constructeur automobile américain, ne trouve grâce à ses yeux : ni les 12 000 emplois industriels directs créés (qui pourraient monter à 40 000 au total, selon l’entrepreneur), ni les retombées pour les sous-traitants locaux, ni les engagements environnementaux de Tesla. « Je sais bien que je suis un peu pessimiste, concède-t-il, mais j’en ai vu d’autres, depuis 1990. Je ne pense pas que les gens d’ici profiteront des emplois créés. » Il n’est pas le seul à nourrir le scepticisme. Depuis plusieurs mois, d’autres riverains en colère, opportunément alliés à des militants écologistes, s’opposent au projet, sous l’œil des caméras.

« Le plus gros investissement privé depuis la Réunification »

Le bouillonnant entrepreneur californien perturbe la tranquillité des habitants du coin. Le chef-lieu Erkner et ses environs, ce sont quelques centaines de maisons individuelles avec jardin, au milieu d’une région idyllique faite de lacs aux eaux limpides et de plantations de pins à perte de vue. A part le S-Bahn (équivalent du RER) vers Berlin, rien ne vient rappeler la présence de la tapageuse métropole, distante de seulement 35 km.

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LJD

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