En 2019, 2 600 postes seront supprimés au collège et au lycée, et 1 900 créés dans le primaire

En 2019, 2 600 postes seront supprimés au collège et au lycée, et 1 900 créés dans le primaire

Le ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer à la sortie d’un conseil des ministres à l’Elysée le 31 août.

Les lignes budgétaires de l’éducation nationale semblent se préciser, quelques jours avant la présentation du projet de loi de finances pour 2019, prévue le 24 septembre en conseil des ministres. Dans le second degré, 2 600 postes d’enseignants seront supprimés, pour 1 900 postes créés dans le premier degré. A ce chiffre s’ajoutent la suppression de 600 postes dans l’enseignement privé et celle de 400 postes d’administratifs. Lundi 17 septembre, le ministre avait confirmé sur France Inter une information ayant circulé au cours du week-end : 1 800 postes seront supprimés. Mais il s’agissait du solde et, chez les enseignants du second degré, l’addition sera en fait plus lourde.

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Claire Guéville, du SNES-FSU, dénonce une « tentative de minimiser l’impact » de cette annonce, alors qu’un faux pas communicationnel a en outre contribué à entretenir la confusion. Olivier Dussopt, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’action et des comptes publics, a justifié lundi 17 septembre sur Franceinfo ces coupes par la « démographie scolaire » : des effectifs en baisse dans le secondaire nécessiteraient d’y recruter moins de professeurs… Sauf que les collégiens et lycéens ne seront pas moins nombreux l’an prochain, bien au contraire : ils devraient être 40 000 de plus. Entre 2019 et 2021, l’augmentation des effectifs continuera « avec environ 40 000 élèves supplémentaires attendus chaque rentrée » selon la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance de l’éducation nationale (DEPP, le service statistiques du ministère).

« Signal contradictoire »

En tout état de cause, ce seront bien 2 600 postes qui seront supprimés au collège et au lycée. Sur la masse des 880 000 enseignants que compte le pays, ce chiffre paraît faible. Mais toutes les académies n’ont pas la même capacité d’absorber des coupes budgétaires. Certaines sont mieux dotées en enseignants que d’autres, pour des raisons historiques : par exemple, lorsque les effectifs scolaires ont baissé plus vite que le nombre d’enseignants en exercice. Les académies les plus fragiles comme Créteil et Versailles – celles qui conjuguent une faible attractivité auprès des professeurs et une forte croissance démographique – risquent d’accuser le coup.

Selon Alexis Torchet, secrétaire national du SGEN, ces suppressions de postes sont sans commune mesure avec ce que le secteur a vécu au cours de la mandature de Nicolas Sarkozy, où les postes d’enseignants étaient supprimés au rythme de 12 000 par an. Mais elles tombent mal, alors que s’enclenche la réforme du lycée, qui commence dès cette année pour les élèves de seconde et se développera sur trois ans, jusqu’au bac 2021. « Supprimer des postes dans un contexte où l’on crée une nouvelle politique publique, c’est le meilleur moyen de la rater », prévient-il. « D’un côté, on nous dit que l’éducation est une priorité et, d’un autre, on supprime des emplois. Le signal est contradictoire », juge le syndicaliste.

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Concrètement, comment se traduisent des baisses d’effectifs de cet ordre ? « On va se retrouver dans des situations où les personnels sont incités à faire plus d’heures, parce qu’il y en aura besoin pour faire tourner les établissements », regrette Alexis Torchet. Un retour au « travailler plus pour gagner plus » de l’ère Sarkozy qui semble assumé par le ministre, puisqu’il voit dans l’augmentation du nombre d’heures supplémentaires une manière d’accroître le pouvoir d’achat des enseignants. A cette pression s’ajoutent, selon une analyse développée par le SNES, des économies d’échelle qui pourraient être rendues possibles par la réforme du lycée.

Avec cette réforme, les séries du bac général et technologique doivent en effet disparaître au profit de matières de spécialité (trois en première, deux en terminale). Tous les établissements d’un même bassin géographique n’ont pas l’obligation de proposer toutes les spécialités, et encore moins toutes les combinaisons. « Un bon levier d’économie, c’est la mutualisation des enseignements », relève Claire Guéville, qui craint que, faute de moyens, on réduise la palette de choix proposée dans tel ou tel lycée. Dans les cours de tronc commun, les classes pourront aussi être plus chargées, libérant des heures – donc des postes. La réforme du lycée, réalisée à moyens constants et avec des postes en moins, pourrait donc être un levier d’économie important, selon le syndicat.


 

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LJD

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