Eboueur, un « métier pénible physiquement, psychiquement et psychologiquement » au cœur de la protestation contre la réforme des retraites

Eboueur, un « métier pénible physiquement, psychiquement et psychologiquement » au cœur de la protestation contre la réforme des retraites

Des conducteurs de camions et éboueurs de la Ville de Paris en grève, au dépôt d’Ivry-sur-Seine-Victor Hugo, dans le Val-de-Marne, le 15 mars 2023.

L’adoption de la réforme des retraites au Parlement, lundi 20 mars, n’a pas entamé leur détermination. Depuis seize jours, les éboueurs de plusieurs villes comme Paris, Nantes, Saint-Brieuc ou Le Havre sont en grève pour dénoncer le report de l’âge légal de départ à la retraite. D’autres, comme ceux de Marseille, ont rejoint le mouvement mardi 21 mars.

Une mobilisation aux conséquences rapidement visibles et qui met en lumière le métier d’éboueur. Dans les rues de Paris, la barre symbolique des 10 000 tonnes de déchets non ramassés a été franchie vendredi, a estimé la mairie. En cause, le débrayage des agents municipaux chargés du ramassage des ordures dans la moitié des arrondissements (2e, 5e, 6e, 8e, 9e, 12e, 14e, 16e, 17e et 20e) – le reste de la capitale est à la charge de quatre entreprises privées.

La situation a poussé la préfecture de police à réquisitionner des agents du service de la propreté de la Ville pour évacuer les ordures. Mais les syndicats et les grévistes sont bien décidés à continuer de s’opposer à la réforme des retraites, pour les agents des régies municipales comme pour les salariés du privé. « Ce n’est pas parce que le temps institutionnel est terminé, que pour nous c’est fini ! », prévient Natacha Pommet, secrétaire générale CGT Services publics, qui rappelle que la grève à Paris a été reconduite jusqu’au 27 mars.

« En fin de carrière, les éboueurs arrivent usés et n’ont pas toujours la possibilité d’obtenir un poste sédentaire. Deux ans de plus, c’est non ! » Dans son préavis de grève reconductible du 13 février, la CGT Services publics rappelle que « les éboueurs [en régie municipale] et les conducteurs [de camions-bennes] peuvent pour l’heure prétendre à la retraite à 57 ans sans bonification, un âge reporté à 59 ans avec la réforme des retraites ». Les salariés du privé, quant à eux, devront partir à 64 ans au lieu de 62 ans actuellement.

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« Tâches répétitives »

« Etre ripeur [personnel chargé de ramasser les déchets et de les vider dans les camions-bennes, par opposition au conducteur], c’est être à l’arrière, faire face à des automobilistes qui s’impatientent, soulever plusieurs tonnes de déchets par jour et constater les conséquences de tout ça sur ses muscles, ses articulations », égrène Mme Pommet.

« Les horaires nocturnes, les efforts physiques importants renforcés par des contraintes de temps sont facteurs de pénibilités sans aucun doute, variables selon les tournées, les villes et les employeurs », ajoute Serge Volkoff, statisticien et coauteur d’une analyse sur la pénibilité du travail des ripeurs commandée au début des années 2000 par le patronat et les syndicats des entreprises de collecte des déchets. « A la fin de leur vie professionnelle, bon nombre des personnes interrogées à l’époque se plaignaient de douleurs aux genoux, aux épaules, de problèmes pulmonaires à répétition – bien que pas forcément graves – en lien avec les intempéries et/ou les gaz d’échappement, même s’ils ne niaient pas les améliorations techniques mises en place au fil des années, notamment les conteneurs et les camions récents plus confortables. »

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