De la faillite à la reprise, la bonne affaire des actionnaires du lunettier jurassien L’Amy
Début novembre, les titres de la presse annonçant le sauvetage et la préservation de l’emploi chez L’Amy ont fait bondir les anciens salariés du lunettier jurassien. « Plusieurs opticiens, avec lesquels on travaillait depuis plus de quinze ans, nous ont appelés pour nous dire : “Alors, tout va bien pour vous, finalement.” On a l’impression de n’avoir jamais existé », se désolent plusieurs d’entre eux.
Car ceux qui ont vécu la crise de l’intérieur n’ont pas la même lecture des faits. Eux pensent être victimes de l’ordonnance du 20 mai qui facilite, en raison de la crise sanitaire, la reprise d’une entreprise par les actionnaires qui l’ont mise en faillite. Et sur laquelle s’est appuyé le tribunal de commerce de Lons-le-Saunier (Jura), le 2 novembre, pour autoriser ILG − actionnaire suisse de L’Amy depuis 2015 − à reprendre le fabricant de montures à la barre du tribunal, en s’associant avec MadaLuxe, un distributeur californien. Cette disposition avait déjà simplifié la reprise d’Alinea, Orchestra Prémaman, Phildar… par leurs anciens dirigeants.
Lunettier jurassien créé en 1810, L’Amy produit et commercialise des lunettes sous licences, avec des marques grand public « comme Chevignon, Cerruti, Sonia Rykiel, ou Paddington pour les enfants. L’attente des opticiens était sur ce créneau », relèvent les anciens salariés. En 2017, la société s’étend vers le segment du luxe en reprenant le fabricant de montures Henry Jullien, alors en liquidation.
Chômage partiel
Au début du premier confinement, les 102 employés de L’Amy − 73 à Morez (Jura) dans l’unité de fabrication et 29 à Paris pour l’approvisionnement et la commercialisation − sont placés en chômage partiel. Le 11 mai, « c’était la libération. On avait reçu des kits sanitaires, et il était prévu que les commerciaux repartent sur le terrain. C’est alors que la direction nous explique que la société est en grande difficulté », relate un ancien salarié. « Ils nous disaient que l’activité allait reprendre. Ils nous ont menés en bateau », lance un autre.
En coulisses, la direction discute avec les représentants du personnel d’un plan de licenciements
Le 28 mai, L’Amy demande sa mise en cessation de paiement, auprès du tribunal de commerce de Lons-le-Saunier. L’entreprise est placée sous observation jusqu’à début décembre. Des administrateurs sont nommés et les salaires payés par le régime de garantie des salaires (AGS). Le 21 juin, par visioconférence, les salariés sont incités à « trouver des idées pour continuer à travailler avec les marques de moyenne gamme ». Mais, en coulisses, une autre histoire est à l’œuvre : la direction discute avec les représentants du personnel d’un plan de licenciements.
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