Covid-19 : Ehpad et hôpitaux revoient leurs pratiques de recrutement pour « tenir »
« Les aides-soignantes et les infirmières ? Tout le monde se les arrache ! » Dans cet établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) du Sud-Ouest, la directrice consulte chaque matin avec anxiété les réponses aux offres d’emploi qu’elle a diffusées. Les retours sont peu nombreux. Les besoins sont pourtant urgents, afin de soulager des équipes qu’elle dit « exténuées ». Mais les profils recherchés sont rares et la concurrence fait rage entre établissements – hôpitaux, Ehpad, etc.
Le phénomène n’est pas nouveau : le marché de l’emploi est en tension dans les Ehpad depuis de nombreuses années. Mais la crise liée au Covid-19 a donné une ampleur inédite à ces difficultés. Au cœur de la seconde vague, beaucoup d’établissements souffrent. « Les équipes sont épuisées par le traumatisme du printemps, constate Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Syndicat national des établissements et résidences privés pour personnes âgées (Synerpa). Dans le même temps, si les tests réguliers nous permettent d’avoir une vision précise du personnel contaminé, ils peuvent entraîner des diminutions rapides d’effectif avec la détection de cas asymptomatiques qui sont placés en septaine. Un établissement peut perdre un quart de son personnel en quelques jours. »
Face à l’augmentation de l’absentéisme dans certaines structures, des dispositifs ont été mis en place. « Les professionnels libéraux bénéficient par exemple d’une mesure incitative : leurs actes sont surcotés lorsqu’ils nous prêtent main-forte en Ehpad », explique Mme Arnaiz-Maumé. Les pouvoirs publics souhaitent, par ailleurs, lancer des formations courtes, de deux semaines, pour que des agents puissent rapidement épauler les aides-soignants dans leurs missions. Le Synerpa a en outre travaillé sur la question de la formation : il a conçu en Occitanie un cursus de trois mois pour devenir « accompagnant en gérontologie » et demande aujourd’hui qu’il soit reconnu à l’échelle nationale.
Salaires à la hausse
Les établissements peuvent aussi recourir à l’intérim. « Mais ce n’est pas toujours possible, constate Didier Meyrand, directeur de l’Ehpad Les Monts du matin, dans la Drôme. Les agences avec lesquelles nous travaillons subissent également la tension actuelle : elles n’ont plus un seul candidat aide-soignant ou infirmier. » Comment, dès lors, recruter ? L’arrivée de la deuxième vague l’a convaincu de se saisir du levier de la rémunération. Les salaires proposés ont été revus à la hausse : 1 800 euros net par mois minimum pour un aide-soignant (contre 1 600 euros net jusqu’alors), 2 200 euros net minimum pour un infirmier. Le dispositif a fonctionné : des recrutements ont rapidement pu se concrétiser.
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