Archive dans 2020

Mobilisation contre « Hercule », le projet de réorganisation d’EDF

Les quatre fédérations syndicales viennent en outre d’écrire aux grandes associations d’élus du pays « pour les alerter sur les multiples dangers du projet de démantèlement d’EDF ».

Alors que les salariés ne désarment pas contre le projet « Hercule » de scission d’EDF en trois entités, plus de 27,3 % de l’effectif total d’EDF étaient en grève, jeudi 10 décembre à la mi-journée, à l’appel des syndicats de l’énergie, selon la direction de l’électricien. « La proportion de grévistes dans les équipes de conduite de la nuit et du matin des centrales nucléaires (environ 900 salariés) est de 90 % », a indiqué Thierry Zehnder, coordinateur des luttes à la Fédération nationale des mines et de l’énergie CGT.

Des barrages filtrants ont été mis en place tôt jeudi matin dans plusieurs centrales, dont celle de Penly (Seine-Maritime), où une cinquantaine de grévistes ont organisé un cortège funèbre avec cercueil et couronne pour « Hercule ».

Selon Sébastien Michel, secrétaire fédéral FCE-CFDT, la mobilisation est également importante chez Engie dans les infrastructures gazières, qui craignent l’impact d’une future réglementation excluant le gaz des bâtiments neufs. CGT, CFE-CGC, CFDT et FO avaient mobilisé fortement le 26 novembre, avec 23 % de grévistes chez EDF à la mi-journée (31,56 % en fin de journée), selon la direction.

« Alerter sur les multiples dangers du projet de démantèlement d’EDF »

Alors que la presse fait état d’un accord entre l’Elysée et Bruxelles sur la scission d’EDF, les fédérations syndicales ont interpellé, la semaine dernière, les députés et les sénateurs dans une lettre ouverte. Dans une rare unanimité, des députés des groupes socialiste, Les Républicains, La France insoumise et Liberté et Territoires ont rejoint mardi une conférence de presse des élus communistes pour s’opposer à ce projet de réorganisation de l’électricien.

Les quatre fédérations syndicales viennent, en outre, d’écrire aux grandes associations d’élus du pays « pour les alerter sur les multiples dangers du projet de démantèlement d’EDF ».

Le projet « Hercule » prévoit de scinder EDF en trois entités : une entreprise publique (EDF bleu) pour les centrales nucléaires, une autre (vert) cotée en Bourse pour la distribution d’électricité et les énergies renouvelables et une troisième (azur) qui coifferait les barrages hydroélectriques dont les concessions seraient remises en concurrence sous la pression de Bruxelles.

« Total, Engie et les grands énergéticiens européens sont déjà en embuscade », selon le quotidien Libération, qui, mercredi, assure que les négociations avec Bruxelles sont terminées. Interrogée mercredi au Sénat, la secrétaire d’Etat auprès de la ministre de la transition écologique, Bérangère Abba, a assuré que la négociation se poursuivait :

« Le souhait du gouvernement n’est évidemment pas de déstabiliser un des fleurons industriels français (…). Seulement nous devons nous assurer que le groupe dispose d’un cadre de régulation adapté et de capacités d’investissements qui sont accrues pour participer pleinement à la transition. »

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Le Monde avec AFP

Covid-19 : les « travailleurs-clés » du premier confinement surreprésentés en Seine-Saint-Denis

Dans un centre de dépistage du Covid-19, à Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis, le 4 novembre.

Les travailleurs franciliens n’ont pas été tous égaux face au premier confinement et à l’exposition aux risques de contracter le Covid-19. C’est ce que documente une étude publiée, mercredi 9 décembre, par l’observatoire régional de santé (ORS) d’Ile de France. Si, mi-mars, une partie de la population a basculé en télétravail ou au chômage partiel, l’ORS estime que plus de 700 000 travailleurs d’Ile-de-France ont continué à se rendre sur leur lieu de travail « au bénéfice de la collectivité, mais au risque de leur santé ».

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« Qui sont ces travailleurs-clés ? », s’est interrogé l’ORS, qui a retenu 35 métiers, dont 20 « particulièrement exposés », parce qu’au contact direct de malades du Covid-19, ou parce qu’ils engendrent « de nombreux contacts sociaux ». Parmi eux, les travailleurs de la santé, à l’hôpital et en ville, le personnel funéraire, les commerçants désignés comme « essentiels » bouchers, boulanger, buralistes et leurs personnels, mais aussi les livreurs, agents de propreté, facteurs, conducteurs de transport public, les pompiers et forces de l’ordre.

« Inégalités face à l’épidémie »

Ainsi, sur les 700 000 Franciliens qui ont continué à se rendre à leur travail, 500 000 ont été « plus particulièrement exposés », soit 9 % des actifs d’Ile-de-France, mais qui se répartissent de façon hétérogène sur le territoire. Ainsi, la Seine-Saint-Denis est le département où ils sont les plus nombreux en proportion des actifs (12 %). A l’inverse, ils ne sont que 7 % à Paris.

Par ailleurs, si 38 % des « travailleurs-clés » franciliens travaillent dans un département différent de celui de leur résidence, ils sont 49,4 % en Seine-Saint-Denis.

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Or, en Ile-de-France, c’est ce département qui a connu le taux de surmortalité le plus fort durant le pic de l’épidémie (entre le 1er mars et le 19 avril), à 130 % contre 74 % à Paris. Si ces données ne suffisent pas à établir un lien de causalité, précise l’ORS, prudent, le nombre de travailleurs-clés particulièrement exposés au risque sanitaire et à la forte mobilité pourrait être un facteur parmi de nombreux autres « ayant pu contribuer à des inégalités face à l’épidémie ». Ce que d’autres études en cours tenteront de mettre en évidence.

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Les salariés de la raffinerie Total de Grandpuits en grève contre le projet de reconversion

La raffinerie de Grandpuits, en Seine-et-Marne, le 6 janvier 2020.

Les salariés de la raffinerie Total de Grandpuits (Seine-et-Marne) ont entamé, jeudi 10 décembre à 6 heures du matin, une grève de quarante-huit heures pour protester contre le projet de reconversion du site lancé par le groupe pétrolier, lequel prévoit notamment la suppression de 150 emplois directs.

« Aucun carburant ne sortira d’ici à samedi 6 heures. Il n’y aura pas d’expédition de camions de la plate-forme de Grandpuits ni du dépôt de Gargenville (Yvelines) », affirme Adrien Cornet, délégué CGT (majoritaire). L’appel à la grève a été voté par l’intersyndicale CGT, FO et la CFDT lors d’une assemblée générale qui s’est tenue mercredi après-midi. Jeudi, les organisations syndicales du site revendiquent plus de 70 % de grévistes chez les personnels postés. Les expéditions de carburant avaient déjà été bloquées le 13 et 29 octobre.

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Total a annoncé fin septembre son intention de cesser le raffinage sur son site historique dès le début de 2021 et son projet d’investir 500 millions d’euros pour le reconvertir d’ici à 2024 en « plate-forme zéro pétrole » destinée à la production d’agrocarburants. Une usine de « bioplastique », fabriqué à partir de sucre, biodégradable et recyclable, sera également implantée, ainsi qu’une usine de recyclage de plastique et deux centrales photovoltaïques. Le projet prévoit de maintenir 250 postes sur les 400 que compte aujourd’hui Grandpuits. Total a assuré qu’il n’y aurait aucun licenciement sec, mais des départs à la retraite anticipée et des mobilités internes vers d’autres sites.

« Nos mots d’ordre sont clairs : c’est zéro suppression d’emplois et un projet d’ampleur pour la transition écologique. On veut sortir des énergies fossiles, mais on ne le fera pas contre l’emploi », précise Adrien Cornet, qui s’inquiète notamment de l’impact chez les sous-traitants. « Pour un emploi chez nous, c’est 4 ou 5 en sous-traitance, estime le délégué CGT. Donc selon nous, ce sont 700 emplois en tout, chez Total et dans la sous-traitance, qui sont menacés ! » Le groupe pétrolier assure en outre que le chantier créera 1 000 emplois au niveau local au cours des trois années à venir. Mais les syndicats estiment cette annonce « pipeau » : ces emplois « ne dureront que trois ans, le temps de transformer la plate-forme ! »

« Fermer, c’est augmenter les importations »

Le 19 novembre, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, s’était rendu à Grandpuits pour une heure d’information syndicale avec les travailleurs du site. « Il faut réussir à contredire les propos de la direction de Total qui se présente comme championne de l’environnement, déclarait-il ce jour-là au Monde. C’est d’abord de la communication, d’un groupe qui continue de privilégier les actionnaires au détriment de l’emploi. Il nous faut travailler sur un projet alternatif pour le site, qui conjugue au contraire l’industriel et le social. »

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En France, le dessin animé recrute toujours

« Cherche une centaine de techniciens pour réaliser des séries d’animation. Lieux de travail : Paris ou Angoulême. Prise de fonction immédiate. » Eh oui ! Dans ce marasme culturel où des pans entiers de l’économie restent à l’arrêt, le dessin animé recrute toujours.

Le studio Superprod va augmenter ses effectifs de 150 à 250 salariés. Selon son cofondateur, Jérémie Fajner, ces embauches permettront d’honorer les deux dernières commandes signées avec Netflix : une série d’animation d’aventure fantastique, Spirit Rangers, sur les Amérindiens ; et Ghee Happy, signée par le réalisateur-illustrateur Sanjay Patel, qui réinterprète avec humour les superpouvoirs des divinités hindoues.

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« Nous avons un studio intégré, avec une trentaine de contrats à durée indéterminée et des intermittents qui travaillent au long cours, de dix-huit à vingt-quatre mois pour une série et bien davantage pour un film », détaille M. Fajner. De son côté, Jacques Bled, président d’Illumination Mac Guff, filiale d’Universal Pictures et principal employeur du secteur en France avec 850 personnes, cherche aussi « 70 à 80 techniciens pour le début de l’année prochaine à Paris ».

« Tendance à moyen et long terme »

Ses équipes travaillent déjà sur quatre films destinés à la major hollywoodienne et vont en démarrer un cinquième. « Pendant les confinements, les équipes ont pu faire du télétravail. Nous n’avons pas été coincés par des problèmes de tournage. Au pire, les dates de sortie des films seront un peu décalées, mais cela n’affecte pas le processus de production », explique-t-il.

Selon Stéphane Le Bars, délégué général d’AnimFrance – qui fédère plus de 60 sociétés de production et studios d’animation –, « c’est parce que notre secteur obéit à des cycles longs, avec deux ans pour financer les projets, autant pour réaliser une série, qu’il n’a pas été trop touché par la crise sanitaire ». A ses yeux, « la création d’emplois dans le secteur restera la tendance à moyen et long terme ».

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Mercredi 9 décembre, lors de rencontres organisées par Magelis, le pôle image d’Angoulême (Charente), Philippe Degardin, responsable des statistiques du groupe de protection sociale de la culture Audiens, a affirmé que « l’emploi a atteint dans l’animation française son plus haut niveau l’an dernier dans les 133 studios spécialisés en films d’animation ». Selon Audiens, le secteur compte près de 7 700 salariés (+ 4 %). Signe de dynamisme, en cinq ans (2015-2019), 2 300 emplois ont été créés. Les salariés engagés en contrat à durée déterminée d’usage (CDUU) représentent 85 % des effectifs.

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« Le chemin a été long et semé d’embûches » : les partenaires sociaux parviennent à un compromis sur la santé au travail

La négociation entre partenaires sociaux sur la santé au travail s’est finalement soldée par un compromis. Dans la nuit du mercredi 9 au jeudi 10 décembre, le Medef a annoncé avoir trouvé un terrain d’entente avec la CFDT, la CFE-CGC et FO pour conclure un nouvel accord national interprofessionnel (ANI) consacré à cette thématique. La CFTC, elle, se prononcera la semaine prochaine. Quant à la CGT, elle a, d’ores et déjà, manifesté sa désapprobation. Côté patronal, la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) a reporté sa « décision définitive » au 15 décembre mais son chef de file sur le dossier, Eric Chevée, a émis « un avis favorable ». Les protagonistes ont jusqu’au 8 janvier 2021 pour signer le texte.

Engagées dans des discussions depuis la mi-juin, les organisations d’employeurs et de salariés ont respecté le calendrier fixé par l’exécutif. Le ministère du travail leur avait demandé de boucler les tractations d’ici à la fin 2020. Depuis le début de la législature, le gouvernement voulait que ce sujet soit traité, afin d’améliorer un dispositif jugé très complexe, trop peu axé sur la prévention et insuffisamment ouvert aux PME. Autant de défauts accentués par la pénurie grandissante de médecins du travail.

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L’ANI permettra d’assurer une « prévention renforcée » des risques professionnels et de garantir une « offre renouvelée » de services, affirme Diane Deperrois, la négociatrice du Medef. C’est « un changement de paradigme », confie-t-elle. A ses yeux, le système sera « plus proche, plus efficace et plus opérationnel », grâce, en particulier, à une « collaboration » accrue « entre médecine du travail et médecine de ville ». Mme Deperrois met également en avant la création des « cellules de prévention de la désinsertion professionnelle », appelées à trouver des solutions pour que le salarié puisse rester à son poste, quitte à ce que celui-ci soit aménagé.

Pour M. Chevée, l’accord propose « une vraie révolution » dans l’approche de la santé au travail, notamment « en ouvrant le suivi médical du salarié à la médecine de ville ». Autre point important, d’après lui : le texte « mentionne la jurisprudence qui limite aux “moyens renforcés” la responsabilité des employeurs et de leurs délégataires ». En revanche, nuance-t-il, la disposition relative au financement de jours de formation supplémentaires pour les élus du personnel dans les entreprises « mérite une confirmation du comité exécutif de la CPME ».

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Santé au travail : les partenaires sociaux ont trouvé un accord

Les partenaires sociaux sont tombés d’accord, dans la nuit de mercredi à jeudi 10 décembre, pour signer un accord national interprofessionnel (ANI) sur la santé au travail, axé sur la prévention, après que la CFDT, FO et la CFE-CGC, ont donné leur avis favorable, a-t-on appris de sources concordantes.

« Cet accord est novateur avec comme colonne vertébrale la prévention, il comptera dans l’histoire de la santé au travail », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Diane Deperrois, cheffe de file des négociateurs pour le Medef, évoquant « trois avis favorables, ceux de la CFDT, de FO et de la CFE-CGC, la CGT ayant donné un avis défavorable et la CFTC s’étant réservée ». Ces trois avis favorables représentent une majorité large, compte tenu de la représentativité nationale des organisations syndicales qui les portent.

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Côté patronat, la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) sursoit à son accord dans l’immédiat, se « réservant quelques jours », a assuré Mme Deperrois, qui a précisé que les parties avaient jusqu’au 8 janvier pour signer formellement le texte. La CFE-CGC a confirmé à l’AFP avoir donné son accord « en tant que négociatrice », laissant à ses instances confédérales le soin de le valider.

La CGT, qui avait prévenu qu’elle ne signerait pas un texte entérinant « de nouveaux reculs en matière de santé et sécurité » n’a pas fait de commentaires dans l’immédiat. L’ensemble de ses homologues ont annoncé qu’ils s’exprimeraient jeudi.

La prévention au centre

L’ANI, le premier sur la santé au travail depuis treize ans, vise à mettre la prévention au centre et à améliorer les dispositifs existants notamment pour les moyennes et petites entreprises. Selon le Medef, il « réforme et modernise les services de santé au travail (SST) qui deviennent des services de prévention et de santé au travail (SPST) » axés sur « une offre socle » consacrant « la prévention, le suivi médical et la prévention de la désinsertion professionnelle [le maintien en emploi des salariés ayant été touchés par des problèmes de santé] ».

Pour maintenir les délais et le suivi des visites médicales des salariés « dans un contexte de pénurie », cet ANI « crée une collaboration entre la médecine du travail et la médecine de ville », un point sur lequel les syndicats s’étaient montrés très sceptiques voire opposés.

Le texte qui entendait aussi initialement inscrire dans le code du travail une disposition limitant à une stricte obligation de moyens de prévention la responsabilité des employeurs sur la santé de leurs salariés, conserve un « rappel » de la « jurisprudence » qui « a admis qu’un employeur et ses délégataires pouvaient être considérés comme ayant rempli leurs obligations s’ils ont mis en œuvre des actions de prévention ».

La santé au travail, dont la réforme est reportée depuis des années malgré la pénurie de médecins du travail et la dégradation de la santé des salariés selon plusieurs études, reste le parent pauvre des politiques publiques françaises. Parallèlement à cet ANI, une proposition de loi, portée par la députée La République en marche Charlotte Lecocq, pourrait être déposée à l’Assemblée d’ici à la fin de l’année.

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Le Monde avec AFP

Les syndicats d’ADP signent un accord pour 1 150 départs volontaires

Le groupe ADP, qui gère Paris – Charles-de-Gaulle, Orly et Le Bourget, et emploie 6 250 salariés en France, a été très durement touché par la chute de l’activité due à la crise sanitaire. La direction du gestionnaire des aéroports parisiens a annoncé, mercredi 9 décembre, la signature à l’unanimité par les organisations syndicales du groupe d’un accord de rupture conventionnelle collective.

Cet accord fixe à 1 150 le nombre maximal de départs volontaires – dont 700 ne seront pas remplacés –, ce qui permet d’éviter des départs contraints. « La direction s’engage à ce qu’aucun départ contraint pour motif économique n’ait lieu jusqu’au 1er janvier 2022 », a indiqué la direction, ajoutant que l’accord vise à « sauvegarder durablement l’entreprise ».

Un ensemble de trois accords indissociables – rupture conventionnelle collective (RCC), accord de performance collective (APC) et activité partielle de longue durée (APLD) – avait été proposé à la négociation des organisations syndicales représentatives d’ADP SA le 31 août. La direction avait pris acte, le 5 novembre, de la non-signature par la majorité des organisations syndicales des accords proposés.

« Donner une nouvelle chance au dialogue social »

« Afin de donner une nouvelle chance au dialogue social, et d’éviter toute suppression d’emploi contrainte au sein d’ADP SA, la direction a souhaité proposer un nouveau projet d’accord de rupture conventionnelle collective », selon le communiqué, précisant que cet accord avait recueilli « les signatures à l’unanimité des organisations syndicales représentatives » (CFE-CGC, CGT, UNSA). La rupture conventionnelle collective (RCC) permet des départs volontaires négociés par les syndicats.

Comme l’ensemble du secteur aérien, ADP a été frappé de plein fouet par la crise du Covid-19. En octobre, le trafic des aéroports parisiens a atteint à peine le quart de celui de l’an dernier.

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Le Monde avec AFP

L’emploi rebondit au 3e trimestre, mais l’année s’annonce sombre

C’est un soulagement pour le gouvernement. Après le tsunami du premier confinement qui a conduit à la destruction de 687 100 emplois, la reprise de l’activité au printemps et durant l’été a permis de recréer 401 100 emplois salariés au cours du troisième trimestre (+ 1,6 %), indique l’Insee dans une note parue mardi 8 décembre. Des chiffres légèrement meilleurs que l’estimation donnée le 8 septembre, avec 11 000 emplois supplémentaires créés. Et qui témoignent, s’il en était encore besoin, des évolutions erratiques du marché du travail, au gré de l’évolution de la situation sanitaire, de confinement en déconfinement.

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Le rebond exceptionnel de l’activité au troisième trimestre (+ 18,7 %), pour autant, ne s’accompagne pas d’une reprise des embauches de même ampleur. « Le rebond de l’emploi est beaucoup moins spectaculaire que celui du PIB, décrypte Hélène Baudchon, économiste France chez BNP Paribas. On s’y attendait, car déjà la baisse au printemps avait été moins impressionnante que celle de l’activité économique : il faut y voir l’effet du recours massif au chômage partiel. »

Malgré cet effet « amortisseur », l’emploi salarié en France a retrouvé selon l’Insee un niveau « comparable à celui de fin 2018 ». Il reste inférieur à celui de fin 2019 – 295 900 emplois manquent encore à l’appel pour retrouver la même situation – mais il est vrai qu’il s’agissait d’une année particulièrement faste pour le marché du travail. Cela ne préjuge toutefois en rien du bilan qui pourra être fait à la fin de l’année 2020. Le second confinement, débuté le vendredi 30 octobre, « a produit un nouveau choc sur l’activité d’environ 10 % », rappelle Mathieu Plane, économiste à l’OFCE.

Eléments inquiétants

« A priori, on pourrait penser que l’impact sera moins important, puisque la baisse d’activité est plus faible », décrypte l’économiste. « Mais c’est oublier le fait que les effets du second confinement sont plus durs dans certains secteurs, comme le tourisme, l’hôtellerie, la restauration… qui sont durablement pénalisés », poursuit-il. Après avoir opéré un ajustement de court terme au printemps, ces entreprises vont peut-être procéder à un ajustement plus durable en supprimant non pas des contrats courts (CDD, missions d’intérim) comme lors du premier confinement, mais plutôt des CDI. « Le risque est donc, résume M. Plane, que les contrats courts se substituent à l’emploi à durée indéterminée. »

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L’électrique, cheval de Troie de l’industrie automobile chinoise en Europe

L’usine Tesla de Shanghaï, en Chine, le 7 janvier 2020.

Chine Nouvelle, l’agence de presse officielle chinoise, en a fièrement rendu compte. Vendredi 27 novembre, les premières Tesla Model 3 (les plus vendues de la marque électrique), fabriquées dans l’usine chinoise du constructeur californien, sont arrivées dans le port belge de Zeebruges. Les 3 500 véhicules destinés au marché européen ont débarqué en provenance de Shanghaï, sur fond de mise en scène médiatique spectaculaire (130 voitures alignées pour former le logo de la marque) orchestrée par la branche chinoise de Tesla.

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Cette première « exportation » ne constitue pour le moment qu’une portion modeste des ventes de la Model 3 en Europe (57 000 immatriculations entre janvier et septembre 2020). N’empêche, elle vient faire écho à un rapport de France Stratégie, institution chargée d’éclairer le gouvernement dans ses décisions économiques, paru mi-novembre et baptisé « Les politiques industrielles en France, évolutions et comparaisons internationales ». Dans le chapitre consacré à l’automobile, la note souligne que la Chine risque « d’envoyer l’industrie européenne au tapis » avec ses exportations de véhicules électriques.

L’alerte rappelle les mises en garde du président du groupe Renault, Jean-Dominique Senard, qui a à plusieurs reprises depuis 2019 prévenu des risques d’un « tsunami chinois » automobile, similaire à celui qu’il a connu sur le marché des pneumatiques lorsqu’il dirigeait Michelin. La part des marques chinoises de pneus en Europe est passée de 5 % à 30 % entre 2012 et 2018.

« La donne change radicalement »

Mais l’une des caractéristiques paradoxales mises en avant par France Stratégie, c’est que cette arrivée chinoise va se faire d’abord à travers des marques occidentales. C’est Tesla, on l’a vu, mais aussi le SUV BMW iX3, les Smart électriques de Daimler, ou encore la Dacia Spring, qui appartient… au groupe Renault. Parfois, lesdites marques occidentales qui s’apprêtent à arroser l’Europe de véhicules électriques made in China sont elles-mêmes propriété d’entreprises chinoises. On compte ainsi la Polestar de Volvo, détenue par le groupe Geely, ou le SUV électrique MG, vieille marque britannique désormais dans le giron du tentaculaire groupe d’Etat Shanghai Automotive (SAIC).

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L’annonce d’une invasion automobile chinoise n’est pas nouvelle. Mais, jusqu’ici, cela n’avait pas été suivi d’effet. Depuis le début des années 2000, quelques marques aujourd’hui oubliées (Brilliance, Ludwin, Qoros…) ont tenté sans succès l’aventure européenne. « L’industrie automobile chinoise était bloquée par les normes européennes sur les émissions polluantes ou la sécurité passive, explique Nicolas Meilhan, économiste, conseiller scientifique de France Stratégie et coauteur du rapport. Mais la voiture électrique est par nature zéro émission et son architecture (structure rigidifiée et alourdie par la batterie, moteur compact) abaisse les contraintes sur les crash-tests. Cela change radicalement la donne. »

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« Le métier devient plus physique, on essaie de perdre le moins de temps possible »

Thomas Donzel, facteur à La Poste, lors de sa tournée de livraison de colis, à Chavanoz (Isère), le 8 décembre.

En cette matinée brumeuse de début décembre, dans le centre de distribution de La Poste de Pont-de-Chéruy (Isère), au milieu d’une valse de chariots débordant de colis, les livreurs s’affairent, trient, scannent les paquets, les chargent dans leurs camionnettes jaunes. Des jouets, du matériel électronique, des bons plans sur Veepee (Vente-privee). A l’autre extrémité du hangar, l’organisation de la tournée de lettres des facteurs se fait au calme. A l’image des activités de La Poste en 2020, dont le métier courrier s’effondre, alors que le colis connaît une croissance exponentielle. L’opérateur public prévoit de traiter en décembre jusqu’à 4 millions de paquets Colissimo par jour, contre 3,1 millions à la même période en 2019.

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Affecté à la livraison de colis, Thomas, 40 ans, facteur depuis dix-huit ans, se prépare à livrer 150 colis au pas de charge. Comme il y a deux fois plus de paquets à distribuer en cette période de fête, son circuit a été divisé par deux, la deuxième moitié étant confiée à un intérimaire. « Sur cette plate-forme, on a huit personnes en renfort depuis la mi-octobre, le temps de la “peak period”, jusqu’au 24 décembre », explique-t-il.

L’époque où le facteur faisait une pause-café en distribuant ses lettres paraît bien loin. Ce jour-là, sous la pluie battante, chaque minute compte. Dans les immeubles, Thomas monte les marches quatre à quatre. Il court en petite foulée d’un pavillon à l’autre. « Le métier devient plus physique – ce qui personnellement me va bien – parce qu’on a plus de colis à distribuer. On essaie de perdre le moins de temps possible », dit-il. Son prédécesseur a quitté son poste parce qu’il ne tenait pas la cadence.

Chou blanc

Le postier connaît la plupart des destinataires, en particulier les accros de l’e-commerce, qui commandent presque tous les jours. « C’est le cas de 50 % des gens sur une tournée comme la mienne, indique-t-il, plutôt des jeunes, beaucoup de nounous qui gardent des enfants chez elles. » La fréquence des rencontres avec les riverains a toutefois reflué. D’abord parce que la grande majorité des boîtes aux lettres, aujourd’hui normalisées, disposent d’une contenance suffisante pour recevoir la majorité des colis. Mais aussi parce que le facteur fait régulièrement chou blanc lorsqu’il doit en remettre un en mains propres.

Thomas Donzel, facteur à La Poste, le 8 décembre.

Avant de quitter le centre-ville, Thomas sonne à l’Interphone d’une copropriété. L’appareil, défectueux, renvoie vers un voisin. Le numéro de téléphone de la destinataire n’est pas attribué. « Là c’est pénible, témoigne-t-il, parce que c’est un Chronopost, la cliente a payé pour une livraison express, et je suis dans l’impossibilité de la livrer. » Peu après, il s’arrête devant une villa. Le son de la télé passe à travers la baie vitrée mais personne ne répond aux coups de sonnette, ni aux coups de klaxon. Thomas remplit à la chaîne les avis de passage. A l’issue de la tournée, une vingtaine de colis lui resteront sur les bras et devront être représentés le lendemain.

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